Le phénomène du Nesting

Importé des pays Anglo Saxons le nesting désigne un mode de garde des enfants bien particulier. Au lieu d'imposer aux enfants de déménager une semaine sur deux, ce sont les parents qui se relaient dans le domicile familial, les enfants eux, restent bien au chaud dans leur nid.
Mais en y regardant de plus près, le nesting est-il une si bonne idée sur le long terme?

Si indéniablement pour les enfants c'est un avantage puisqu'ils restent à la maison, ne changent pas leurs habitudes, gardent la même école, la proximité avec leurs amis et poursuivent leurs activités dans le même environnement géographique, il serait hasardeux de s'y jeter la tête la première sous prétexte que c'est le "le meilleur intérêt pour notre enfant".

Quelques pistes de réflexion

- Il nécessite d’avoir trois lieux de vie ce qui peut représenter un coût non négligeable,

- Il demande une organisation minutieuse entre les parents : comment se partager les tâches? dans quel état va-t-on laisser l'appartement familial? les lessives des enfants seront-elles faites? les draps du lit des parents changés? le frigidaire rempli et les poubelles descendues?  

- Comment partager les charges financières? le gaz, l'électricité, les abonnements divers?...

- Comment partager les charges mentales? le robinet qui fuit, la machine à laver en panne?...

Si les choses ne sont pas clairement discutées et validées en amont, voir écrites sous forme de "mode d'emploi" la situation peut rapidement redevenir très conflictuelle et faire resurgir des tensions que l’on croyait définitivement enterrées avec la séparation.
Trouver une mode d'emploi efficace nécessite de se projeter, de discuter et de s'accorder sur tous les éventuels grains de sable qui pourraient gripper l'engrenage et faire exploser votre entente - au détriment des enfants. Ce sont les petits détails du quotidien qui mettent le feu aux poudres. C'est un travail communément fait au Cabinet de Médiation Familiale.

- Et si on a refait sa vie : quid du nouveau conjoint? Va-t-il suivre notre rythme en déménageant lui aussi une semaine sur deux ?  Est-il émotionnellement envisageable que cet "autre" se sente chez lui dans ce qui fut "notre" domicile et dorme dans notre "ex-lit ?"

- Indéniablement la présence de l'ex sera partout, dans les placards où il aura laissé quelques affaires, dans le choix des courses alimentaires, dans la salle de bains... est-on prêt à cela? Sera-t-on capable de ne pas retomber dans le jugement, la comparaison ou les reproches qui risqueraient de rejaillir sur les enfants " Ton père m'a encore laissé tout le linge à repasser " ou "Ta mère est décidément est incapable de vider les poubelles!"

En conclusion, si ce mode de garde peut paraître séduisant au premier regard, il nécessite d'être très cadré, respecté à la lettre et ne peut s'envisager sans danger que pour un temps provisoire.